Tissage 2, à partir de « Enfermons les fauteurs de guerre dans une cuve à vin ! »

Tissage 2 – Du 1/06/17 au 30/06/17. Epuisés, meurtris, Antonio et Ernesto continuent pourtant de se battre l’un contre l’autre. Ils n’ont rien d’autre à faire : ils sont enfermés ensemble dans cette cuve à vin depuis 24 heures. C’est leur grand-mère, Cécilia Velaspaz, qui les y a enfermés. Ils se haïssent et se battent. On les retrouvera beaucoup plus tard prostrés et assis l’un à côté de l’autre. Que s’est-il passé ?

C’est la guerre d’Espagne. La famille Velaspaz habite dans un hameau près de Huesca, dans l’Aragon, sur la ligne de front. Les républicains, à l’Est, font parfois des percées vers l’Ouest et parfois ce sont les nationalistes de Franco qui avancent vers l’Est. Massacres, souffrances et misère.

Un jour que les républicains occupaient le territoire, un des petits fils de Cécilia, Ernesto, le franquiste, fut en danger de mort et elle le cacha dans une cuve à vin vide aux confins de la ferme. Quelques jours plus tard, les franquistes reprirent la zone et ce fut le tour d’Antonio, républicain, d’être menacé. Cecila l’emmena à la cuve et le fit descendre, mais elle ne libéra pas Ernesto et retira la petite échelle en bois.

Les voilà donc face à face, enfermés l’un et l’autre et sans armes. Ils se précipitent et frappent. Pas de quartier. Ils sont tous deux vigoureux et savent se battre. Et ça dure. Un jour se passe, puis une nuit, ils dorment peu car dès que l’un d’eux se réveille, le combat recommence. A midi, la trappe s’ouvre, un pain tombe. Ils le dévorent et repartent à l’assaut.

Lorsque la guerre civile fut finie, Cécila délivra ses petits-fils devenus amis depuis quelques temps. Ils y étaient obligés : pas de témoins, pas d’issue, il fallait faire la paix s’ils voulaient sortir un jour. Cécilia, intransigeante et têtue, comme savent l’être les grand-mères de l’Aragon, les avait obligés à se réconcilier. Elle les aimait trop, ces deux-là, pour tolérer qu’ils meurent ou qu’ils s’entretuent. Et l’Espagne avait besoin d’eux.

Voilà l’histoire que m’a racontée mon amie Josépha (Merci à elle !), originaire d’Espagne et qui en a été le témoin.

Pour que la guerre existe, il faut transformer l’autre en objet de haine, sinon ça n’est pas possible. Jaurès a essayé d’éviter la guerre de 1914, en ouvrant les yeux du peuple : les allemands sont des humains, comme nous. Mais les fauteurs de guerre ont eu tôt fait, après que Jaurès eût été assassiné, de chosifier l’ennemi, le « Boche ».

Dans leur cuve, tout en se battant, Ernesto et Antonio se respirent l’un l’autre, se sentent, se hument ! Et comme leur lutte dure, ils finissent par sentir que l’autre est un humain, un cousin, un frère …

Enfermons les fauteurs de guerre (sociale, civile ?) ensemble dans une même cuve !

Qu’en pensez-vous ?
Une vie bonne à toutes et à tous !
Bertil

Les liens auxquels je pense : 
« Jaurès, assassiné deux fois », de Pierette Dupoyet
« Mon oncle un fameux bricoleur… », chanson de Boris Vian : Je m’étais pas rendu compte que la seule chose qui compte c’est l’endroit où c’qu’elle tombe.. »
Et j’ai réalisé un jour que si un homme vous menace avec un fusil, l’endroit où vous serez le plus en sécurité, c’est … tout contre lui !

Commentaires

Et remplissons la cuve ! In vino veritas. Ils mourront saouls et heureux
Agnès

 Belle histoire, qui fonctionne quand on enferme des ennemis. Quand on rassemble des gens qui sont tous haineux, ils peuvent unir leur haine vers un objectif commun et ça donne le Reich ou Daesh – tiens ça rime. Hasard ? -. De plus, ça fonctionne peut-être pour deux personnes. Mais au-delà, sans aucune haine, j’opte pour l’option d’Agnès, et j’y ajoute bien sûr quelques tranches de jambon ibérique
Vincent

 Je comprends le commentaire d’Agnès, approuvé par Vincent… Mais alors, ça revient à mettre sur le même plan le fasciste et le républicain ? Même si leur châtiment est de se noyer dans du bon vin. Même dans la douce euphorie de l’ivresse et même avec un jambon ibérique, on les noie quand même !
 Remarquez, ça rejoint la chanson de Brassens « Les deux oncles » :

« On peut vous l’avouer, maintenant, chers tontons
Vous l’ami les Tommies, vous l’ami des Teutons
Que, de vos vérités, vos contrevérités
Tout le monde s’en fiche à l’unanimité
De vos épurations, vos collaborations
Vos abominations et vos désolations
De vos plats de choucroute et vos tasses de thé
Tout le monde s’en fiche à l’unanimité »

Même si j’aime Brassens à la folie, je trouve que la noyade est une solution peut-être un peu facile…
Bertil

3 Replies to “Tissage 2, à partir de « Enfermons les fauteurs de guerre dans une cuve à vin ! »”

  1. Bertil Sylvander Post author

    Ah-Ah ! Belle discussion en cours !
    Je comprends le commentaire d’Agnès, approuvé par Vincent… Mais alors, ça revient à mettre sur le même plan le fasciste et le républicain ? Même si leur châtiment est de se noyer dans du bon vin. Même dans la douce euphorie de l’ivresse et même avec un jambon ibérique, on les noie quand même !
    Remarquez, ça rejoint la chanson de Brassens « Les deux oncles » :
    « On peut vous l’avouer, maintenant, chers tontons
    Vous l’ami les Tommies, vous l’ami des Teutons
    Que, de vos vérités, vos contrevérités
    Tout le monde s’en fiche à l’unanimité
    De vos épurations, vos collaborations
    Vos abominations et vos désolations
    De vos plats de choucroute et vos tasses de thé
    Tout le monde s’en fiche à l’unanimité »

    Même si j’aime Brassens à la folie, je trouve que la noyade est une solution trop facile…
    Autre idée ?

    Répondre
  2. Vincent

    Belle histoire, qui fonctionne quand on enferme des ennemis. Quand on rassemble des gens qui sont tous haineux, ils peuvent unir leur haine vers un objectif commun et ça donne le Reich ou Daech – tiens, ça rime. Hasard? -. De plus, ça fonctionne peut-être pour deux personnes. Mais au delà, sans aucune haine, j’opte pour l’option d’Agnès, et j’y ajoute bien sûr quelques tranches de jambon ibérique.

    Répondre

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