Vous ne saurez jamais …

Marguerite Yourcenar, à son amant, André Frémiaux

Vous ne saurez jamais que votre âme voyage

Comme au fond de mon cœur, un doux cœur adopté

Et que rien, ni le temps, ni d’autres amours, ni l’âge

N’empêcheront jamais que vous ayez été

Que la beauté du monde a pris votre visage

Vit de votre douceur

Luit de votre clarté

Et que le lac pensif au fond du paysage

Me redit seulement votre sérénité

Vous ne saurez jamais que j’emporte votre âme

Comme une lampe d’or qui m’éclaire en marchant

qu’un peu de votre voix a passé dans mon chant

Doux flambeaux, vos rayons

Doux brasiers, votre flamme

M’instruisent des sentiers que vous avez suivis

Et vous vivez un peu, puisque je vous survis

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