De 1999 à 2007, lors des stages annuels Bataclown « Acteur-Clown d’Intervention sociale », Jean-Bernard et moi avons invité Marcelle P. à venir nous conter des histoires de vie. Marcelle était une personne remarquable, une grande dame d’un âge étrangement indéfini. Petite fille naïve qui s’extasiait sur tout et vénérable ancienne qui avait tout connu.
Une rencontre avec Marcelle valait son pesant de nez rouges ! Elle racontait des histoires de sa vie quotidienne qui élargissait les yeux de ses auditeurs, pour pleurer ou pour rire. Ses relations – toujours subtiles – avec ses chats, ses voisins, ses fleurs et sa famille ne pouvait laisser personne indifférent (sauf peut-être Mme Thatcher).
Elle avait par exemple dédié un coin de son jardin aux hasards de la vie. Après une préparation du sol, elle mélangeait un grand nombre de graines de fleurs différentes qu’elle semait à tous vents en criant de sa charmante voix légèrement cassée : « que la meilleure gagne ! ».
Elle avait de plus – ceci explique-t-il cela ? – fait toute sa formation clown avec le Bataclown et était devenue une clowne accomplie, employée comme folle du Roi à la cour de grands thérapeutes et une formatrice appréciée.
Dans le groupe de thérapie où nous nous sommes connus (1984), j’ai tout de suite « accroché » … Un soir de temps libre, j’ai proposé au groupe un jeu de clown. Marcelle exultait, complètement conquise ! Elle répétait à qui voulait l’entendre : « Enfin une activité où il ne faut pas être intelligent ! » « J’ai le droit d’être bête », déclarait-elle, les yeux suavement malicieux »
Un jour, nous eûmes donc l’idée simple et géniale de l’inviter à raconter quelques unes de ses histoires parmi les plus belles et les plus chargées, afin de donner du jeu aux acteurs-clowns du stage « Intervention sociale ». Elle a tout de suite accepté. Ainsi, pendant le stage, tous les soirs après la pause, le groupe avait rendez vous avec les belles histoires de Tante Marcelle, histoires par elle soigneusement sélectionnées, sur lesquelles elle avait travaillé dans son parcours de vie pour refermer les blessures …
Vivian, mon co-animateur de cette année là, a eu l’idée de les enregistrer. Avant de disparaître, elle m’avait donné son accord pour leur diffusion.
Heureux lecteur ! Voici la quatrième de ces histoire : « Elle lui demanderait la lune … «
C’est si beau cette histoire de lune que je viens d’écouter en plein soleil !!!!
Françoise