Le regard des clowns sur la guerre et la paix en Algérie

Soirée Clown Intervenant Social du 21 avril 2012 à propos de la commémoration du cessez le feu du 19 mars 1962

Le contexte

19 Mars 1962 : cessez le feu en Algérie. La guerre de libération de l’Algérie, commencée le 22 Novembre 1954 se termine enfin. Huit ans de guerre[1]. Près de 500 000 Morts, dit Benjamin Stora[2]. 5 Juillet 1962 : Déclaration d’indépendance de l’Algérie, voulue par De Gaulle dès 1959, proclamée après de longues années de négociations, d’abord secrètes, puis officielles à Evian.

Les « Pieds Noirs » habitaient depuis des décennies l’Algérie et se sentaient « chez eux » (1 million d’Européens, dont 23 000 Colons). Les algériens, désignés là-bas (dans le meilleur cas) comme « les arabes » sont des citoyens de seconde zone et ont des modes d’existence divers. La plupart sont de petits paysans pauvres, repliés dans les montagnes, « au bled » ou dans le Sud, d’autres sont journaliers ouvriers agricoles dans les domaines des colons, un très grand nombre sont des chômeurs misérables. Les milieux économiques et politiques influents de l’Algérie Française (milieux d’affaires, colons, presse) se sont toujours opposé à la moindre réforme et ont maintenu les Pieds noirs dans l’ignorance et l’illusion. Personne parmi eux (excepté les gens les plus éclairés) n’est préparé à la guerre ni à l’indépendance. Les partis politiques en France et les élus n’ont aucune vision stratégique et gèrent leurs intérêts plus que l’intérêt général. La quatrième république, fustigée par De Gaulle, est impuissante et ne sait que faire la guerre. Elle est soumise à l’armée, qui veut se venger du désastre indochinois en 1954. Celle-ci a appris en Indochine ce qu’est la « guerre populaire » et lutte « efficacement ». Elle gagne la guerre sur le terrain (de 1959 à 62) au prix de terribles pertes du côté algérien et tout de même de 30 000 morts français. Mais la France est marginalisée diplomatiquement. Le gouvernement français doit accepter d’accorder l’indépendance au FLN (Front de Libération Nationale algérien). Les « Pieds noirs » et de nombreux officiers se sentent « trahis » par De Gaulle. Ces derniers vont jusqu’à provoquer un putsch contre lui en avril 1961. Après leur échec, en désespoir de cause, ils fondent l’OAS[3], qui « plastique » les biens des « arabes » et appartenant à ceux qui soutiennent De Gaulle. L’OAS assassine aveuglément les algériens et les français indépendantistes (dits alors « libéraux »). Toutes les voix qui prônent le dialogue et la compréhension mutuelles sont étouffées. Quelques français prennent le parti du FLN et le paient durement, quelques soldats désertent. Mais dans les derniers mois, tout concoure à l’affrontement général (entre différentes factions de l’armée, les « Pieds noirs », les « libéraux, l’OAS, les gendarmes français, appelés à réprimer les manifs des Pieds noirs, les combattants algériens, les « harkis » (algériens qui ont pris le parti de la France), avec aussi des luttes intestines entre algériens, etc.). Après une année et demi de troubles dramatiques en 1961-62, les Pieds noirs quittent massivement l’Algérie entre mai et Juillet 62 et l’indépendance est proclamée le 3 juillet 1962.

Ces faits tragiques de l’histoire de France et d’Algérie ont eu lieu il y a plus de 50 ans. Depuis, les familles algériennes, qui ont toutes un parent mort à la guerre et les « rapatriés » d’Algérie gardent une profonde blessure. Beaucoup de Familles de « Pieds noirs » restent traumatisées, cultivent le souvenir du pays natal et le transmettent à leurs enfants. Certains français (peu nombreux) ont fait le pas de revenir visiter l’Algérie et ont presque toujours été bien reçus. De leur côté, après une normalisation minimale des rapports, les Etats ne sont pas encore arrivés à instaurer un vrai dialogue et des relations apaisées. De nombreux contentieux subsistent. Malgré les œuvres littéraires et cinématographiques sur ce thème, on n’arrive toujours pas à prendre de la distance et assumer le passé.

Encore aujourd’hui, la moindre tentative pour le faire est vouée à l’échec et des polémiques violentes se déchaînent à la moindre occasion. Encore récemment à Samatan (dans le Gers), une initiative de commémorer l’indépendance a tourné à l’affrontement.

Les Clowns, peut-être ?

Combien de temps faudra-t-il pour qu’on puisse se parler sereinement ? Il semble que l’échéance reste toujours lointaine. Personne ne sait bien comment s’y prendre…

Eh bien, le 21 Avril 2012, à La Robin, lors de la soirée finale du stage Clown Intervenant Social du Bataclown, les participants ont vécu un début de dialogue, grâce aux clowns, qui ont apporté leur regard bienveillant, humaniste, décalé, plein d’humour, de poésie et d’émotion sur ces évènements tragiques, sans dérision et en laissant après eux un public habité d’un nouveau regard, indéfinissable et profond, sur ces évènements tragiques.

La soirée du 21 Avril 2012

Au programme:

  • Guy Bordes (ancien professeur de français, fondateur du Foyer Rural de Samatan et ancien appelé en Algérie de 1960 à 62) a témoigné sur ses années de guerre et les enseignements qu’il en tire,
  • Bertil Sylvander (Bataclown, animateur du stage et ancien enfant à l’époque de la guerre), a témoigné à partir de son regard d’enfant sur la guerre et sur les circonstances tragiques de son passage à l’âge adulte,
  • Michel Terral (La Robin, Bataclown, ancien enseignant et coopérant français), a témoigné sur les premières années d’indépendance de l’Algérie,
  • Des extraits de Films ont été montrés : « Algérie, notre Histoire », de Michel Meurice et « Les oliviers de la justice », de Jean Pellegri,
  • Norbert Falzon, président de la FNACA (Fédération des Anciens d’Afrique du Nord) était également présent dans la salle.
  • Nous sommes conscients qu’il manquait ce soir-là la parole des algériens eux-mêmes. Cela aurait été possible, car de nombreux amis algériens passent régulièrement à La Robin, mais ce n’était pas le cas en ce 21 avril. Une autre fois ?

Que s’est-il passé ce soir là ?

Comment rendre compte d’une soirée riche en témoignages forts et sincères et en improvisations clown étonnantes de pertinence et d’émotion ? Difficile à raconter[4]… Au lieu de procéder chrono-logiquement, j’ai pris le parti de vous livrer directement quelques souvenirs flash sur les impros clown (sans forcément respecter leur logique, ni leur durée, car ce serait fastidieux) et de vous dire au passage à quoi ces scènes renvoient dans les témoignages qui leur ont servi.

  • Torpille, clowne touchée par la vie de soldat de Guy, s’est déguisée en berger kabyle. Elle a son bâton en mains et, comme le militaire, elle s’ennuie en gardant ses moutons. Elle s’assoit et attend.

Puis, revenant à sa vie de clowne, elle se trouble et commence à bégayer. Elle dit finalement : « J’ai des à-coups à la mémoire » ! Or, pendant la projection des films, le lecteur DVD avait lui aussi des à-coups, qui gênaient le public. Et nous tous, protagonistes du drame algérien ou simples citoyens, nous avons-nous aussi des « à-coups », qui nous empêchent de faire le deuil. Emotion et rire dans le public. Torpille a touché juste !

Elle se tourne vers quelqu’un dans le public et dit : « avoir vingt ans…hein, madame ? », et vers une autre personne : « avoir vingt ans…hein, monsieur ? ». Puis son regard va de l’un à l’autre : « avoir vingt ans… », « avoir vingt ans… », « vingt ans… ». Elle le répète, sa voix baisse, insistante. En effet, Guy avait parlé de ses vingt ans à lui, de ses amours. En effet, nous avions vu dans le film, les adolescents insouciants marcher dans la rue et parler d’amour… Mais, comme le dit Guyotat dans le film : « On était dans la guerre, alors qu’on ne savait rien de la vie ». Il y a de quoi avoir la gorge serrée.

Torpille reprend son rôle de bergère kabyle : « et mes chèvres, qu’est-ce qu’elles sont ? » (Quelle est la nationalité d’une chèvre dans les rocs acérés de la Kabylie ?). Quelle idée de clown…

  • Camomille entre, habillée avec une veste militaire. « Bonjour, je suis le plan Challe ! » (celui qui a défait l’armée algérienne en 1960-61, nous disait Guy et le film). « De l’ordre et de la discipline ! ». Arrive Victor, bidasse idéal, avec son paquetage. Soldat fidèle au téléphone avec son général : « Combien voulez-vous de morts, mon général ? 10 000 ? 100 000 ? dites un chiffre ! ». C’est terrible et dérisoire. Oui, le plan Challe était un moyen secret de poser la France en position de force pour les négociations. C’est bien ainsi que la question se posait !

Il reconnait Camomille : « Oh ! ma Philippine ! ». Ce n’est plus le général, mais sa marraine de guerre ! Quel rapport ? Celui de l’amour et de la mort, intimement liées dans l’âme d’un soldat de 20 ans. Les deux polarités opposées (le chef qui nous emmène à la mort et la fiancée qui nous amène l’amour et la vie) sont soudainement fusionnées ! Et on rit.

  • Sidonie et Sibec entrent et jouent à la guerre. On reconnaît le témoignage de Bertil, qui raconte que pendant les « évènements », il jouait à la guerre avec ses copains français et algériens, aux alentours de la maison des grands-parents. Ils simulaient les « opérations » dans le ravin et se battaient à coup de jujubes et de boules de cyprès. « Ca pète », disent les clownes ! Etrange confusion entre la guerre et le jeu.

Elles montent sur l’estrade et les voici soudain étoiles et planètes, qui contemplent de là-haut la guerre et ses crimes. Bertil racontait qu’il était passionné de cosmographie à 16 ans et qu’il passait des nuits avec son copain Bernard, sur la terrasse de l’immeuble, pour apprendre le nom des constellations, pendant que la ville était la proie des bombes et des attentats. Au milieu du bruit des explosions et des rafales de mitrailleuse, ils regardaient le ciel. Les clownes nous disent que les étoiles, elles, nous regardaient aussi. Pour veiller sur nous ? Pour donner du sens à nos angoisses ?

Bertil racontait qu’ il est vraiment devenu adulte le jour où un jeune algérien s’est fait abattre à côté de lui. De leur côté, les clownes concluent naïvement : « il y a des jujubes pour tous ! ». Quel raccourci entre la balle qui tue et la nourriture qui fait vivre !

  • Croquignol entre et on entend la fameuse voix dire : « moi, Général de Gaulle, … ». Entre Germaine, comme soldate ! Germaine défile au pas cadencé. Le général la suit, puis ralentit le pas et ça devient une marche amicale : « pourquoi défile-t-on, au fait ? ». Cette rupture surprend le public, qui éclate de rire. En effet, dans le film, Guyotat souligne qu’à l’armée, on leur apprenait à défiler et à tuer, mais on ne leur disait pas pourquoi. Et cette simple parole de clown fait mouche ! Croquignolà Germaine : « vous êtes chasseur alpin ? parfait ! Vous n’aurez pas de ski, mais des chiens ! ». Absurdité de l’armée. En effet, Guy Bordes avait fait son service comme chasseur alpin et s’était formé ensuite comme maître-chien. « Oui, des chiens français… des chiens algériens… des bergers allemands…  des bergers arabes ! ». Glissements progressifs et dérapage. Oui, les chiens soldats pourchassaient des bergers arabes, nous disait Guy…

Par terre, un tissus rouge sang. Les deux clowns-chiens le mordent nerveusement et se l’arrachent. Croquignol – De Gaulle le lâche soudain le tissus : « Stop ! le chien arabe a gagné ! ». Saisissement, là aussi : c’est bien ce que De Gaulle a fait que de reconnaître immédiatement (Stop !) le sens de l’histoire. Il faut savoir renoncer ! C’est clair, c’est net, sans bavures. Qu’on aurait aimé une telle parole de clown à des moments clé de l’histoire ! Chez les chiens, en général, on sait s’arrêter au bout d’un moment, sans se tuer.

Germaine montre sa poitrine et Croquignol est un peu troublé. Germaine : « c’est ma mère, l’Algérie ! ». Tel est le titre d’un livre de Jean Pellegri, cité dans le film, qui reconnait la force symbolique de la mère dans les pays méditerranéens. Et en même temps, c’est Germaine-le-Bidasse, qui montre sa poitrine, qui pourrait être transpercée, comme l’ont été tant de poitrines… Pourquoi ne pas remplacer une balle qui tue par une mère qui aime ? N’avons-nous pas tous la même mère ? Croquignol et Germaine sortent : « on laisse tout, nos racines, les oliviers, les chiens, les gamins, au bord de la route. On expliquera plus tard l’histoire. Pour l’instant, c’est notre mémoire ». Guy avait commencé son témoignage par une distinction entre mémoire et histoire.

  • Pepita Elle tient à la main un pseudo téléphone : « Allo Maman ? Ca y est, je suis arrivée ! Il n’y a pas d’arabes, ni de français d’ailleurs ! c’est vide. Il n’y a personne ! Y a que la mer !». Et Pépita (on aura deviné que c’est une jeune coopérante française[5], après l’indépendance) se trempe les pieds dans la mer. C’est idiot, c’est absurde de dire ça. Pourquoi rit-on ? A cause de l’innocence absurde de Pépita qui ne voit rien ? Les jeunes coopérants qu’elle représente ne voyaient peut-être rien ? Que la mer et le soleil ? Il est vrai que là-bas, on peut en rester fasciné…

« Il y a un chantier ici ! Tout est détruit ! Tout est à faire ! ». Elle avise le tissu rouge-flaque de sang et le cache pudiquement. C’est bien ça ! Elle porte une petite valise rouge, qu’elle pose triomphalement : « Ca, c’est la paye ! ». En effet, Michel avait raconté qu’en 1962, il avait rencontré des jeunes françaises des chèques postaux envoyées en urgence pour faire les paiements des fonctionnaires. Elle pose sa valise et s’adresse au public : « Qu’est-ce que vous foutez là-bas ? Pourquoi êtes-vous partis ? Revenez ! ». Bertil avait parlé de départ massif des pieds noirs de Mai à Juillet 62. « Revenez ! ». Pourquoi les petites gens, qui n’avaient fait de mal à personnes, sont-ils partis ? Quelle absurde panique les a-t-elle saisis ?

Elle avise Guy : « Vous avez toute la vie devant vous ! ». Et c’est vrai qu’on est touchés d’entendre un clown dire simplement quel que soit son âge, on a la vie devant soi. Que la guerre n’a pas tout pris. Sortie de Pepita.

  • Là-dessus arrive Hector, dont on devine aussi que c’est un jeune coopérant, comme Michel, qui débarque en Algérie. Il rencontre la clowne Rosa, qui s’est mise dans le rôle de Fatima, jeune élève algérienne, disciplinée et pleine d’admiration pour lui. Il a une grande gandoura jaune, la montre et dit au public : « Le directeur m’a dit de soigner ma tenue ! ». En effet, Michel avait raconté qu’il s’habillait à l’Algérienne, mais que son directeur l’avait sommé de « mieux » s’habiller, c’est-à-dire à l’européenne ?! Faut-il se rapprocher des gens ou rester soi-même ? Vaste question ! Le directeur algérien avait-il honte de la tenue de ses coutumes ? C’est ce que pointe innocemment le clown.

L’enseignant continue, un brin paternaliste. Au tableau : « Combien d’hectares de blé… ». Fatima l’interrompt : « Chez moi, il n’y a pas de champs ! C’est montagneux, comme ça ». Et elle empile quelques chaises pour évoquer les pentes. Le cours du jeune enseignant serait-il inadapté ? Vieux doute.

Elle continue en évoquant les rivières et cherche un tissu pour évoquer le cours d’eau. Elle tombe sur le fameux tissu rouge ! Elle explose de colère vis-à-vis du maître : « et combien d’hectolitres de sang ? ». Saisissement, justesse. Emotion et grand rire dans le public ! D’où ce rire vient –il, alors que Fatima vient de rappeler le passé récent, que le coopérant ignore peut-être ? De la vérité de ce cri ? De la réaction confuse (un peu minable !) d’Hector ? Du dialogue enfin permis par les clowns ? Moment de rire, de vérité et d’émotion. Seule une clowne peut dire ça.

Le prof finit par admettre : il faut coopérer (puisqu’il appartient au corps des « coopérants » !). Oui, mais comment ? Les clowns se touchent. Les corps parlent. La clowne Fatima et Hector l’enseignant et se tournent … le dos ! « Ca commence bien ! », dit Fatima. « Faut rien exagérer », dit Hector ! C’est inconfortable, à la fin. Lentement, de manière besogneuse, ils se tournent enfin et se retrouvent face à face, collés l’un à l’autre. Gêne de ces deux jeunes gens ! « Cette fois, c’est bien parti ! », disent-ils en s’éclipsant ! A quand la nuit d’amour tant attendue entre la France et l’Algérie ? Michel avait parlé d’enthousiasme, d’humour, de responsabilité, d’amitié…

  • Etincelle Visiblement malade, mal foutue, elle se traîne. Elle est revêtue d’une grande gandoura blanche et d’une petite chechia. Elle monte sur l’estrade et avoue dans un souffle : je suis l’Algérie. Eclat de rire dans le public. Qu’elle est belle et touchante, l’Algérie blessée… « J’ai été coupée et deux… j’ai mal partout ». Le public est silencieux, ému. Coupée en deux… est-ce à dire que le départ des Pieds noirs est une cassure ?

Pile, arrive, en bleu de travail. Lourdaud, il gouaille : « Y m’ont envoyé pour vous soigner ! ». Etincelle, vaguement inquiète. Pile monte sur l’estrade et l’ausculte : « Etendez les bras ». Elle le fait, poings serrés. « Détendez-vous, là… ». Elle ouvre lentement les mains. Pile : « Voilà, regardez les arbres des chantiers de reboisement ! ». Etincelle ouvre tout grand les mains, épanouie. Michel avait parlé des premiers grands chantiers de reboisement du Président Ben Bellah, destinés à arrêter le désert, mais surtout à créer une cohésion populaire. Les clowns, plus ou moins consciemment nous montrent l’effet de ces chantiers sur une Algérie qui a besoin de s’épanouir.

Mais il faut soigner le pays. Le toubib installe un lit d’hôpital et met sur le lit les draps qu’il trouve : un tissu bleu, un tissu blanc et un tissus rouge. L’image est saisissante ! Pile regarde son œuvre, vaguement inquiet. Etincelle-Algérie est effarée ! Il ose ramener ici le drapeau français !! Le public explose de rire ! Pile se rend enfin compte de sa bévue ! « Je peux pas m’en empêcher. Qu’est-ce qu’on est bêtes, les français, quelle bêtise ! C’est pas possible ! », avoue-t-il ! Etincelle explose de colère et la déverse sur Pile. Il tombe à genoux devant Etincelle : « Pardon ! ». Etincelle le regarde, ses yeux s’adoucissent. Elle le prend par la main et l’entraîne vers la sortie : « je vais vous soigner ! ». Quel renversement ! Un début de dialogue équilibré et respectueux, comme seuls des clowns peuvent en instaurer.

Qu’on aimerait que les protagonistes militants, dont l’intransigeance et l’aveuglement empêche tout progrès, s’inspirent des clowns … Que n’étaient-ils à cette soirée ! Peut-être une autre fois ?

Peut-on comprendre que l’humour permet ce que la dénonciation ne permet pas ? Comment faire face ? L’huître aussi a appris à le faire, en fabriquant la perle !

Casting
Conception de la soirée : Bertil Sylvander, avec la complicité de Michel Terral et d’Ingrid Sylvander
Animation : Bertil Sylvander
Coatch des clowns : Isabelle Henriot
Intervenants : Guy Bordes, Bertil Sylvander, Michel Terral
Acteurs Clowns (par ordre d’entrée en scène) : Torpille (Isabelle Chardon), Camomille (Marie-Pierre Fauveau), Victor (Eric-Noël Damagnez), Sidonie (Jacqueline Pouilly), Sibec (Francine Calame), Croquignol (Jacques Noleau), Germaine (Cora Klein), Pepita (Monic Pont), Hector (Jean-Claude Viou), Rosa (Odile Cambronne), Etincelle (Patricia Dipatti) et Pile (Cédric Aubouy).

Public : Jean-Bernard Bonange, Marie-Thérèse Caille, Isabelle Colombi, Herman Heintzel, Anne-Marie et Mel Klapholz, Laurence et Pascal Le Vaillant, Aline Mutet et Patrick Thomas, Alain et Katia Salomon, Ingrid Sylvander, Mme et Mr Falzon et Eliane et Alice Burgan (Troupe de l’Epingle à Samatan)

Articles ayant un sujet proche :

Les dernières paroles de mon professeur M. Chalmey ; L’art de perdre, d’Alice Zeniter

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[1] On disait alors, par euphémisme, « opérations de maintien de l’ordre », puisque l’Algérie, composée de trois départements français, était partie intégrante de la France.

[2] Un des meilleurs historiens de l’Algérie

[3] Organisation Armée Secrète, organisation « terroriste » des Ultras Algérie Française, dirigée par un des généraux révoltés, Raoul Salan.

[4] Heureusement que cette soirée n’a pas été filmée. Nous sommes ainsi obligés d’en en faire nous-mêmes la vidéo intérieure. Mais comme dit le poète : « ceux qui ont vécu le feu ne peuvent l’écrire qu’avec des cendres ».

[5] La coopération entre la France et l’Algérie (enseignement, administration, industrie, agriculture) est instaurée par les accords d’Evian et prévoit que les appelés ayant une qualification peuvent aller faire leur service militaire en Algérie comme coopérants. Elle prévoit aussi un statut de coopérants civils.

4 Replies to “Le regard des clowns sur la guerre et la paix en Algérie”

  1. odile cambronne

    Merci Bertil de cet écrit; oui depuis la semaine dernière, comme beaucoup le retour des enseignants qui m’ont marquée revient en force, celui qui m’a fait confiance celui qui croyait en nous. Un professeur de sport en sixième, première année de pension! je pense aussi aux amis qui ont choisi d’être professeurs d’histoire et de géographie. un grand merci aussi pour ce texte « le regard des clowns sur la guerre et la paix en Algérie » j’y étais à cette soirée et j’ai toujours l’empreinte de ce temps pas ordinaire, j’en ai encore des frissons à la lecture de ton texte. Et quelle mémoire que l’écrit d’une soirée comme celle-là; VIVE l’écrit!
    Odile « Rosa »

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    1. Bertil Sylvander Post author

      OUI ! Vive l’écrit ! L’écrit est une belle plante qui plonge ses racines dans les 26 lettres de l’alphabet, pousse ses branches dans la pensée, fait ses feuilles dans l’âme sensible et ses fleurs dans le mystère de la spiritualité !

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  2. bernard thirion

    beau projet, difficile de restituer cet évènement.

    Un des déshonneur de la France est la manière dont elle a traité les harkis. Entre ceux qu’elle a abandonné et qui ont été massacrés et ceux qu’elle a ramenés en France et traités d’une façon épouvantable en les enfermant dans le camp de Rivesalte. « L’art de perdre » d’Alice ZENITER en fait un récit émouvant.

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    1. Bertil Sylvander Post author

      Merci de ton commentaire, Bernard. Il faut que tout cela soit connu, dit et répété. C’est le seul moyen de retrouver un jour des relations normales avec l’Algérie. J’ai reçu ce livre à Noël ! je vais de ce pas le déguster…

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