« Je crois en l’homme, cette ordure », par Lucien Jacques

Magnifique poème proposé par Claude B.: 

Je crois en l’homme …
Par Lucien Jacques

Je crois en l’homme, cette ordure.
Je crois en l’homme, ce fumier,
Ce sable mouvant, cette eau morte.

Je crois en l’homme, ce tordu,
Cette vessie de vanité.
Je crois en l’homme, cette pommade,
Ce grelot, cette plume au vent,
Ce boute-feu, ce fouille merde.
Je crois en l’homme, ce lèche sang.

Malgré tout ce qu’il a pu faire
de mortel et d’irréparable,
je crois en lui
Pour la sûreté de sa main,
Pour son goût de la liberté,
Pour le jeu de sa fantaisie.
Pour son vertige devant l’étoile,
Je crois en lui.
Pour le sel de son amitié,
Pour l’eau de ses yeux, pour son rire,
Pour son élan et ses faiblesses.

Je crois à tout jamais en lui
Pour une main qui s’est tendue,
Pour un regard qui s’est offert.
Lucien Jacques (tiré de « Petite anthologie spirituelle » d’Anne Ducrocq)

J’aime ce poème, qui dit que c’est dans l’aveu de la faiblesse que se trouve la grandeur humaine !

3 Replies to “« Je crois en l’homme, cette ordure », par Lucien Jacques”

  1. Bertil Sylvander Post author

    La plus drôle des créatures, de Nazim Hikmet

    Comme le scorpion, mon frère,
    Tu es comme le scorpion
    Dans une nuit d’épouvante.
    .
    Comme le moineau, mon frère,
    Tu es comme le moineau
    Dans ses menues inquiétudes.
    .
    Comme la moule, mon frère,
    Tu es comme la moule
    Enfermée et tranquille.
    .
    Tu es terrible, mon frère,
    Comme la bouche d’un volcan éteint.
    Et tu n’es pas un, hélas,
    Tu n’es pas cinq,
    Tu es des millions.
    .
    Tu es comme le mouton, mon frère,
    Quand le bourreau habillé de ta peau
    Quand le bourreau lève son bâton
    Tu te hâtes de rentrer dans le troupeau
    Et tu vas à l’abattoir en courant, presque fier.
    Tu es la plus drôle des créatures, en somme,
    Plus drôle que le poisson
    Qui vit dans la mer sans savoir la mer.
    .
    Et s’il y a tant de misère sur terre
    C’est grâce à toi, mon frère,
    .
    Si nous sommes affamés, épuisés,
    Si nous somme écorchés jusqu’au sang,
    Pressés comme la grappe pour donner notre vin,
    Irai-je jusqu’à dire que c’est de ta faute, non …
    … Mais tu y es pour beaucoup, mon frère.

    Répondre
    1. Martine Julien

      Oui, je connais ce poème ! Je le disais dans les usines en grève, aux piquets de grève, la nuit, en mai 68… et les ouvriers pleuraient.

      Répondre

Répondre à Bertil Sylvander Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *