Par Anouk B.
Voilà cinq ans que tu es mort
Je pourrais prétendre à des termes plus édulcorés, puisque l’absence est tabou
Mais c’est un fait
Tu n’es pas parti en voyage et tu ne t’en es pas allé voguer dans les nuages
Tu es mort. Brutalement …
Sans au revoir ni à demain
Tu es bel et bien mort et je ne te verrais plus jamais
J’attends toujours ton appel, un écrit de ta part
Qui m’expliquerait ton silence
Je te dirais « c’était donc ça l’éternité ? »
Cette attente qui tourne en boucle
Comme une horloge folle
Cassée
Et pourtant cette année je ne pleure pas
Tu me manques pourtant et je ne t’ai pas oublié
Mais j’ai retrouvé ta voix dans le fond de ma mémoire
Et je te revois très nettement sans besoin de photographie
J’ai l’impression d’avoir été atteinte d’Alzheimer durant ces dernières années
Et aujourd’hui j’ai un élan de lucidité
Je me souviens
Tu m’as toujours dit que tu ne mourrais jamais
Que tu serais toujours là
Après t’en avoir voulu de m’avoir dit ça
En réponse à ma crainte de perdre encore des personnes brutalement Aujourd’hui je le comprend
Tu n’es pas tout à fait mort tant que tu vis en moi
Je continuerai de parler de toi, même si cela dérange
Non pas que je parle de toi…mais que je parle d’une personne morte
Tu en as souffert d’avoir l’impossibilité de parler de tes deux premiers enfants Morts brutalement
Tu as souffert des « il serait temps que tu penses à autre chose », des « on ne va pas en parler, c’est trop triste »
Ce sont ces autres-là qui font disparaître ceux qui sont morts
Pas la mort elle-même
Je continuerai de parler de toi, de raconter des souvenirs, des anecdotes à ton sujet
Je continuerai à forcer la vie malgré ta mort
Je continuerai de ne pas te laisser derrière
Je continuerai parce que les gens me comprennent quand ils perdent quelqu’un de cher
Que se taire n’efface pas la douleur
La mort ne doit pas mourir
Ce poème de toi est un véritable hymne
Et il résonne en ce 8 août pour moi
Tu étais trop vivant pour que je te laisse mourir dans le cœur des gens