Voir absolument ce film, ne serait-ce que pour sa dernière scène que j’ai adorée !
Très belle histoire d’un homme (italien, installé en Alsace) qui a perdu sa femme alors qu’elle était encore très jeune et qui n’arrive pas à l’oublier. Sa vie continue, mais avec une fibre profondément cassée en lui. Et pourtant, il enseigne la musique italienne à l’université (et notamment La Tarentelle !), il a de l’humour et il est charmant. Il fait de la lecture pour les malades dans les hôpitaux et rencontre une vielle dame digne et belle, Agathe (jouée par Anouk Aimé). Il rencontre sa fille Florence avec qui une complicité le lie. Mais il est incapable d’envisager une histoire avec elle…
Sa fille Irina, qui a seize ans est en pleine crise d’adolescence. Elle souffre de ce deuil qui n’est pas fait et ne veut rien savoir de sa mère. Disputes et incompréhensions. En alternance d’italien et de français !
Et puis, tout à coup l’avenir s’ouvre et la scène finale est bouleversante. Voici le texte du chant d’Alfio Antico, qu’Alessandro donne à la fin dans une église :
Silence d’amour
Alfio Antico
Je t’ai aimée dès le berceau,
je t’ai donné de la douceur miette après miette.
Silence d’amour qui coule dans les veines,
il n’est possible de te quitter.
Ne pleurez pas, vous, les oliviers :
l’amour et la tendresse viennent de loin.
Ma joie bien aimée, souffle de mon âme,
donne-moi ton coeur, je te donne ma vie.
Ma pensée est vide et sans couleur
et ce n’est que quand une mère oubliera son enfant
que j’oublierai mon amour pour toi.
Je t’aime, ma petite …
Hirondelles, envolez-vous vers ma bien-aimée
et chantez pour elle dans la vie et la mort.
Semblable au monde entier est la campagne,
tu es la reine et moi le roi d’Espagne.
Et voici le poème dit par Agathe avant de mourir (sur les quais de Paris)
« Tous les soleils à l’aube dorment encore un peu
Engourdis, nonchalants,
Ils se moquent bien du feu du jour qui les attend,
Ils chassent les ombres des hommes et des guerres,
Tous les soleils à l’aube sont comme de grands enfants
Qui n’ont que faire du temps
Magnifiques acteurs : Lisa Cipriani (Irina), Stefano Accorri (Alessandro, Clotilde Corneau (Florence) et Anouka Aimé (Agathe)
Ce film me fait vraiment penser au Cercle des poètes disparus, de Peter Weir, avec Robin Williams
…, La Perle, …
Isabelle A. (par mail à Bertil)
Je ne connais pas le film , j’irai le voir probablement mais je relis régulièrement l’un de ses livres » le rapport Brodeck » qui me fait penser au « ruban blanc » d’Hanneke, le cinéaste ; c’est fort, très fort , enfin de mon point de vue …à bientôt , dans le salon ardent !
Merci Bertil, merci Antoine, pour ces bons tuyaux cinématographiques (et qui vont peut-être bien au-delà du cinéma).
Je les ai mis dans mon petit panier, avec « Les pépites » (de Xavier de Lauzanne) et « Sept ans au Tibet » (de Jean-Jacques Annaud). Me voilà donc avec des provisions d’âme (comme on dit des provisions de bouche) pour nourrir les semaines à venir. Contente !
J’ai aussi beaucoup aimé « tous les soleils », un film qui m’a marquée, que j’ai vu quand il est sorti, et dont je me souviens avec émotion. et cette musique de « tarentelle » absolument extraordinaire.
Bonjour Bertil,
Je voulais te signaler à mon tour un film fort : « La Prière » de Cédric KAHN.
Histoire d’un jeune homme drogué qui est hébergé dans un centre catholique en pleine montagne.
Par la prière et par le travail manuel, les résidents y sont amenés à la désintoxication.
Peut-être pour d’autres attachements, en tout cas moins destructeurs que la came …
La nature est particulièrement belle et l’acteur principal, « inconnu au bataillon » jusque là est extraordinaire.
Je t’embrasse.
Antoine
P.S. Tu m’as donné bien envie de lire « L’art de perdre » d’Alice ZENITER. Heureux pour toi que tu aies pu dépasser l’obstacle du préjugé (je connais aussi, comme chacun d’entre nous, je suppose, cet état d’esprit face à certains livres, certains films) et que la rencontre ait pu se faire et surtout qu’elle ait été belle.
P.P.S. Enfin acquis les deux derniers livres de Jean-François BILLETER, aux très soignées et pas chères éditions ALLIA. L’auteur, sinologue réputé, y raconte dans l’un sa rencontre avec son épouse chinoise WEN il y a environ cinquante ans. L’autre petit volume est composé de notes, Un journal de bord des mois qui ont suivi la disparition de sa femme. Forte empreinte sur moi. A un point tel que je ne sais si je dois conseiller la lecture de cet arrache-larmes, Mais le livre n’est pas que cela, Au contraire, l’ouverture et le mouvement sont possibles, même si le chemin est difficile où se concilient présence et absence, souffrance de la séparation et joie de l’amour qui a éclairé et éclaire encore la vie. On pense bien sûr à la « Lettre à D. » d’André GORZ même si l’histoire est toute différente. J’ai fait le choix de commencer ma lecture de ce diptyque par « Une autre Aurélia » afin de réserver pour la fin « Une rencontre à Pékin ». Boucler la boucle à l’envers …
Et surtout, ne jamais « faire son deuil ». C’est bien impossible. Notre âme est à jamais le dépositaire des personnes aimées et disparues. Un souffle de brise et la mémoire de nos aimés nous revient, me revient, avec son cortège de larmes et la douceur de l’évocation des moments heureux, des rires toujours vivants, de la présence éternelle du présent..