Les scouts sont de grands sportifs !
Publié le 15 Juillet 2017
Extrait de « Les plaisirs du sens » (à télécharger depuis les écrits de Bertil)
Savez-vous que pour maintenir un scout en forme, il faut prévoir une alimentation équilibrée, appétante, tout à fait particulière ? Moi qui ai été scout, dans ma jeunesse, je peux en témoigner ici.
Première chose, les scouts sont équipés de grandes marmites appelées « Bonnamo » (du nom de Charles et Henri Bonnamaux, fondateurs des Eclaireurs Unionistes de France et inventeurs de ce grand faitout allant au feu, muni de poignées mobiles formant ressort).
Tout le monde sait qu’on peut faire les pommes de terre à la cendre ! (on obtient alors des pommes de terre cramées immangeables, ou bien on mange de la cendre, avec quelques morceaux de pommes de terre). Donc : bonnamo ! Pour faire de la purée, on fait bouillir les pommes de terre dans la « bonna » et on les écrase avec une grosse bille de bois directement dans la bonna. On mange alors un mélange d’eau sale, de peaux de pommes de terre et d’écorce d’arbre. C’est nourrissant.
Les scouts mangent rarement de la viande, mais plutôt des féculents : pâtes et spaghettis par exemple, qui tiennent bien au ventre. On les fait bien sûr à la bonna et, comme on n’a pas d’écumoire, on enlève l’eau en surplus en penchant la bonna. On récupère ensuite les pâtes dans l’herbe et dans la terre, à la cuillère. On mange alors des pâtes assaisonnées à la terre et divers aromates qu’il est inutile de nommer ici. On a quand même du concentré de tomate en boites de 85 kg pour accompagner les pâtes.
Mais les scouts sont aussi de grands inventifs ; ils ont un manuel (dit « Manuel de l’Eclaireur ») qui leur permet de fabriquer des « astuces de camp », pour agrémenter leur quotidien ! Ils fabriquent des fours, par exemple. Vous creusez dans un monticule de terre et vous y placez horizontalement deux pierres plates espacées de 20 cm. Sous la pierre du dessous, vous ménagez un espace pour le feu, avec conduit d’évacuation de la fumée. Vous allumez également un feu sur la pierre du dessus. Et vous placez ce que vous avez à cuire au four entre les deux pierres plates : astuce ! Mais comme vous n’avez pas de plaque à four (je vous ai dit que vous n’aviez en tout et pour tout qu’une bonna), vous mettez directement la viande ou la pâtisserie à même la pierre. Et comme la terre est meuble, vous mangez du rôti ou de la tarte à la terre, aromate que vous connaissez bien et qui est excellent pour la santé. Du plus, la fumée mal évacuée donne un agréable fumet.
Un complément alimentaire de ce mode de vie spartiate, ce sont les paquets poste, que les parents, très au courant de l’équipement du camp, envoient régulièrement à leurs enfants. Les scouts complètent alors leur alimentation sportive avec des bonbons et petits gâteaux du commerce, dont la particularité est qu’ils ne contiennent pas de terre.
Autre joie suprême du scout : le tube de lait concentré sucré. Si vous avez la chance d’en avoir un, sortez le, dévissez prestement le bouchon, portez l’embout à votre bouche, pressez très vite sur le tube et aspirez le plus rapidement possible (c’est du sport !). En effet, environ deux dixièmes de seconde après l’avoir sorti, quelqu’un vous arrache le tube, et celui-ci passe comme l’éclair de mains en mains, jusqu’à vidage complet (environ 45 secondes). Il s’ensuit une bagarre au cours de laquelle tout le monde mange de la terre. S’il a plu récemment, c’est de la boue. Nous sommes donc en présence d’une alimentation sportive.
Autre sport : pénétrer de nuit dans la tente de l’intendance, pour y dérober le chocolat que les chefs se gardent pour eux. Après, il faut courir très vite. Il vaut donc mieux manger le chocolat avant d’être découvert.
De plus le magnésium aide à dormir et à digérer la terre.
Les Commentaires reçus sur le site :
Mon frère Erik S.
Excellent, mon frère! On s’y croirait! Apparemment, Goscinny et Gotlib ont trouvé un successeur. Si tu veux une photo pour illustrer le presse-purée, je l’ai !
Mon amie Anne-Marie K.
Je reconnais bien là les camps de louveteaux aussi ! Mais nous nous avions de beaux chefs scouts qui venaient nous construire de beaux équipements…. tables en rondins, et surtout les feuillets ! Ah les feuillets….
La nourriture était moins sportive mais parfois terreuse et aromatisée à la fumée.
A quand le prochain camp ?
Mon amie Isabelle B.
Chez les scouts de France, pour certainement éviter pendant quelques jours ces inconvénients culinaires, nous étions envoyés en raid et durant 3 jours par groupe de 3, il nous appartenait de solliciter les fermes pour le gîte (grange et paillasse) et le manger (les couverts étant le plus souvent nos gamelles) contre quelques services à rendre. Personne ne se souciait de nous avant l’heure du retour. . . C’était il y a 40 ans -45 ans !
Mon cousin Christophe S.
Ah, camp Joubert, au Chambon.
Au niveau des inventions qui m’ont marqué : lors de la kermesse, une tente avait été transformée en distributeur de bonbons ; prendre une plaque de carton triangulaire qui masque l’entrée de la tente, créer une petite fente en haut pour y glisser une pièce de monnaie, créer un trou rond en bas ; inscrire un mode d’emploi copié sur un vrai distributeur de gare ou de supermarché. C’est automatique : après avoir glissé la pièce, une main sort par le trou en tendant un bonbon ; effet garanti, surtout pour les tous petits ou les vielles grands-mères ; Baden Powell, quelle imagination et que du bricolage, bien utile pour la suite !
Commentaire provisoirement conclusif de Bertil (23 juillet 17)
Outre l’odeur caractéristique de la terre, je sens le parfum de nostalgie positive qui traverse nos souvenirs des scouts : l’astuce, la débrouillardise, la responsabilité, l’humour … jusqu’à ces beaux chefs scouts !
bonsoir ,
Alors pour moi c’est pas toujours de bons souvenirs . Un dimanche sur deux ma soeur et moi nous allions à Ivry au point de RV pour laisser nos parents tranquilles aux louveteaux laîques . On allait à droite à gauche en forêt , avec nos uniformes ( notamment la cravate que je sais faire du coup mais ça ne me sert à rien !) et tout était collectif. Interdiction de cueillir des fleurs, de papoter avec les copines ; des jeux de piste ; des acquisitions techniques (faire un feu…) pour avoir nos médailles (rien à fiche non plus). Cette histoire s’est terminée un dimanche matin au chevet du lit de nos parents où ma soeur et moi nous nous sommes postées, déterminées, en annonçant : « nous avons décidé de ne plus aller aux éclaireurs ». Ca s’est terminé comme ça et on a pu jouer tranquilles avec nos copines un dimanche sur deux, l’autre on allait à Fontainebleau. Voilà !
Zazou