Je m’balladais sur les réseaux, le coeur ouvert à l’inconnu. De temps en temps, une pépite ! Celle-ci a été recommandée par Rabia Z.
Le mieux est de voir Terzief dire ce poème de Rainer Maria Rilke :
Le voici :
Pour écrire un seul vers, il faut avoir vu beaucoup de villes, d’hommes et de choses, il faut connaître les animaux, il faut sentir comment volent les oiseaux et savoir quel mouvement font les petites fleurs en s’ouvrant le matin. Il faut pouvoir repenser à des chemins dans des régions inconnues, à des rencontres inattendues, à des départs que l’on voyait longtemps approcher, à des jours d’enfance dont le mystère ne s’est pas encore éclairci, à ses parents qu’il fallait qu’on froissât lorsqu’ils vous apportaient une joie et qu’on ne la comprenait pas ( c’était une joie faite pour un autre ), à des maladies d’enfance qui commençaient si singulièrement, par tant de profondes et graves transformations, à des jours passés dans des chambres calmes et contenues, à des matins au bord de la mer, à la mer elle-même, à des mers, à des nuits de voyage qui frémissaient très haut et volaient avec toutes les étoiles – et il ne suffit même pas de savoir penser à tout cela. Il faut avoir des souvenirs de beaucoup de nuits d’amour, dont aucune ne ressemblait à l’autre, de cris de femmes hurlant en mal d’enfant, et de légères, de blanches, de dormantes accouchées qui se refermaient. Il faut encore avoir été auprès de mourants, être resté assis auprès de morts, dans la chambre, avec la fenêtre ouverte et les bruits qui venaient par à-coups. Et il ne suffit même pas d’avoir des souvenirs. Il faut savoir les oublier quand ils sont nombreux, et il faut avoir la grande patience d’attendre qu’ils reviennent. Car les souvenirs ne sont pas encore cela. Ce n’est que lorsqu’ils deviennent en nous sang, regard, geste, lorsqu’ils n’ont plus de nom et ne se distinguent plus de nous, ce n’est qu’alors qu’il peut arriver qu’en une heure très rare, du milieu d’eux, se lève le premier mot d’un vers.
– Pour écrire un seul vers (1910), Les Cahiers de Malte —
Pour voir Laurent Terzieff dire ce magnifique poème chez Bernard Pivot :
https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=861608323924498&id=100002260169069
Merci de ce partage ! quel beau texte découvert et la voix de Terzieff, son intensité qui me donne des frissons.
Bel été !
Merci à Bertil et à Rabia d’avoir trouvé et partagé cette pépite ! Comme Anne-Marie, j’ai eu la chance de voir Terzieff au théâtre dans ma jeunesse. C’est poignant de le voir dire ce texte assis dans l’émission de Pivot. Document qui pourrait être porteur dans le futur stage « Clown et poésie » du programme Bataclown 2019 !
Merci pour avoir pu profiter de cette belle écoute. J’ai toujours beaucoup aimé la voix de Terzieff que j’ai eu le plaisir de voir jouer dans mes jeunes années bordelaises.
Du coup j’ai commandé les Cahiers de Malte pour y goûter plus tranquillement.
Bel été de voyage et de rêveries…
C’est toujours un plaisir de l’entendre à nouveau. C’est tellement vrai, tellement beau…
Il appelle la patience et l’impatience d’écrire….
Merci.
Merci de nous faire connaitre ce beau texte dit merveilleusement bien
C’est ce qu’a écrit Malraux: (approximativement):
On dit qu’il faut neuf mois pour faire un homme et une seconde pour le détruire, c’est faux. En fait, il faut toute une vie pour faire un homme.
Brrrr…. Merci Bertil pour ce beau texte qui donne des frissons, même sous 35 degrés à l’ombre !
Bel été à tous !
Corinne.
Oui et quelle pépite! elle vient d’atterrir dans le Nord un beau dimanche de disponibilité pour l’ouvrir tout de suite et la lire, l’entendre et la laisser résonner, un vrai bonheur
Merci Rabia et Bertil
Odile