Une proposition de Patricia D.
« Avoir et Etre », par Yves Duteil
Loin des vieux livres de grammaire
Écoutez comment un beau soir
Ma mère m’enseigna les mystères
Du verbe être et du verbe avoir…
Parmi mes meilleurs auxiliaires
Il est deux verbes originaux
Avoir et Être étaient deux frères
Que j’ai connus dès le berceau
Bien qu’opposés de caractères
On pouvait les croire jumeaux
Tant leur histoire est singulière
Mais ces deux frères étaient rivaux
Ce qu’Avoir aurait voulu être
Être voulait toujours l’avoir
À ne vouloir ni dieu ni maître
Le verbe Être s’est fait avoir
Son frère Avoir était en banque
Et faisait un grand numéro
Alors qu’Être, toujours en manque
Souffrait beaucoup dans son ego
Alors qu’Être toujours en manque
Souffrait beaucoup dans son ego
Pendant qu’Être apprenait à lire
Et faisait ses humanités
De son côté sans rien lui dire
Avoir apprenait à compter
Et il amassait des fortunes
En avoirs, en liquidités
Pendant qu’Être, un peu dans la lune
S’était laissé déposséder
Avoir était ostentatoire
Dès qu’il se montrait généreux
Être en revanche, et c’est notoire
Est bien souvent présomptueux
Avoir voyage en classe Affaires
Il met tous ses titres à l’abri
Alors qu’Être est plus débonnaire
Il ne gardera rien pour lui
Alors qu’Être est plus débonnaire
Il ne gardera rien pour lui
Sa richesse est tout intérieure
Ce sont les choses de l’esprit
Le verbe Être est tout en pudeur
Et sa noblesse est à ce prix…
Un jour à force de chimères
Pour parvenir à un accord
Entre verbes ça peut se faire
Ils conjuguèrent leurs efforts
Et pour ne pas perdre la face
Au milieu des mots rassemblés
Ils se sont répartis les tâches
Pour enfin se réconcilier
Le verbe Avoir a besoin d’Être
Parce qu’être c’est exister
Le verbe Être a besoin d’avoirs
Pour enrichir ses bons côtés
Et de palabres interminables
En arguties alambiquées
Nos deux frères inséparables
Ont pu être et avoir été
Et de palabres interminables
En arguties alambiquées
Nos deux frères inséparables
Ont pu être et avoir été.