Proposée par Matilda, le 17 Mai 2017
Voici une chanson écrite au lendemain de l’attentat de Charlie Hebdo
et chantée sur France Inter le 9 janvier 2015…
Elle parle de tolérance, de résistance et de France (melting-pote entre nombreuses cultures) ; d’où le titre et le nom que ce sont données ces 4 artistes bien connues et bourrées de talent : les « Françoises » (Camille, Emily Loizeau, Jeanne Cherhal et la Grande Sophie)
Très touchante et positive !
https://www.youtube.com/watch?v=_8pEeKYH36g
Bertil en a extrait le troisième couplet
Ma garde-robe est sans tabou / Slim djelabah sarouel boubou / Etre Françoise au quotidien / C’est un esprit c’est un destin / Je m’appelle Françoise / Et j’ai un cuir à franges / Un grand keffieh orange / Un col mao ça change / Du peace and love framboise
Refrain
Je m’appelle Françoise / Et je vivrai ma vie / Sous le ciel qui s’embrase / Je te ferai l’humour / Le jour comme la nuit
Quatrième couplet
J’trouve pas les mots / J’ai pas d’ennemis / J’ai des crayons alors j’écris / J’ai le prénom d’un beau pays / Qui s’indigne, qui chante, et qui crie / Je m’appelle Françoise / Et dans ce beau pays / Moi j’ouvrirai les portes / Même si le vent s’emporte / Je resterai ici
Refrain
Je m’appelle Françoise / Et Je m’appelle Marie / Et Je m’appelle Fatma / Et Je m’appelle Yaching / Je m’appelle Jérémy / Je m’appelle françoise / Et Je m’appelle Ladji / Je m’appelle Anita / Je m’appelle Mohamed / Et Je m’appelle Charlie
Oui. Je suis Charlie et pas que, effectivement. Car Dire « Je suis Charlie » au fond du fond, c’est dire haut et fort « Je suis Vivant et tout ce qui est vivant doit être respecté, sacré, aimé, protégé ». C’est dire aussi que je suis Homme et que je suis enfant de la Vie (pour ne pas dire enfant de Dieu) et qu’à ce titre je dois m’indigner contre toute horreur faite à l’homme, à la vie, à Dieu. En n’oubliant pas que l’indignation commence par chercher à comprendre la causalité des évènements, car l’émotion à elle seule est mauvaise conseillère. Elle nous emporte comme un petit bouchon par la vague de haute mer.
Je suis Charlie ET…
Le mercredi 7 Janvier 2015, l’horreur du salafo-fascisme nous a frappés. Mes amis de Charlie Hebdo sont massacrés. J’ai tout de suite envie de me retrouver avec des frères humains inconnus, sur une place publique, pour partager ma colère et ma tristesse. Un gars me tend un autocollant : « je suis Charlie ». Je le prends et je le colle sur ma veste. Oui, là, tout de suite, je n’ai pas besoin de réfléchir dix plombes pour me sentir « Charlie ». Je le sens.
J’ai déjà un peu vécu et je ne suis pas né de la dernière pluie ! Je crois savoir un peu faire la part des choses et je ne suis pas dans un délire identitaire ! Et pourtant, déjà quelques heures après, j’entends et je vois autour de moi des affirmations nuancées : « le suis Charlie, mais… », « Je ne suis pas tout à fait Charlie », « je n’ai pas le droit d’être Charlie »,…Et s’ensuit tout un tas de bonne raisons…
Mais heureusement, il y a un clown en moi ! Un clown qui me permet la simultanéité, le paradoxe, la contradiction heureuse, la cohabitation des contraires, un clown qui sait dire « ET » et pas toujours « OU » !
Oui, comme les clowns, j’aime dire « OUI ET… » :
Je suis Charlie ET je ne veux pas qu’on fasse l’amalgame avec l’Islam
Je suis Charlie ET je ne veux pas qu’on condamne d’un trait de plume toutes les religions
Je suis Charlie ET je n’apprécie pas qu’on insulte ceux qui ont une foi transcendante
Je suis Charlie ET je suis Juif ET musulman ET chrétien ET…
Je suis Charlie ET je suis policier
Je suis Charlie ET je suis journaliste
Je suis Charlie ET j’ai du mal avec les intégristes et les dogmatiques
Je suis Charlie ET je condamne les violences policières
Je suis Charlie ET je n’aime pas les outrances de Charlie Hebdo
Je suis Charlie ET je manifeste avec la droite
Je suis Charlie ET je suis au combat avec les républicains d’où qu’ils viennent
Je suis Charlie ET je récuse la présence de chefs d’Etats cyniques à la manif du 11 janvier
Je suis Charlie ET je suis capable de décoder les arrière-pensées, Merci !
Je suis Charlie ET je me méfie de l’illusion groupale
Je suis Charlie ET je suis déchiré par le sentiment d’humiliation persistant des peuples colonisés
Je suis Charlie ET je suis atterré par le sentiment d’abandon dont souffrent nos amis algériens
Je suis Charlie ET je suis scandalisé par le chômage des jeunes des banlieues
Je suis Charlie ET je suis choqué par la fragilité psychique de certains d’entre eux
Je suis Charlie ET je suis attristé par la souffrance de leurs parents
Je suis Charlie ET j’ai peur de notre aveuglement collectif
Je suis Charlie ET j’ai confiance dans notre engagement collectif
Bertil Sylvander (25 mars 2015)
De Claude, une chanson écrite le lendemain des attentats, pour « dégorger l’horreur »
Je suis Charlie , j’ai le tournis
de vénérer, j’n’ai plus envie
mes dieux a moi sont dégonflés
je n’sais plus dire ma vérité
même si pourtant depuis longtemps
j’ai affûté mes arguments
J’ai mal, j’ai mal, Plus rien, que dal
rien que du vide, rien que du mal
j’ai beau clamer fraternité
égalité, laicité
les belles idées, qui m’font vibrer
j’ai beau savoir que Condorcet
A pourfendu les préjugés
Pour que tu vives, toi l’autre né
Cent fois ce mot, j’ai pu le dire
avec Prévert, aimer l’ écrire
ce joli mot de liberté,
Putain, c’est dur d’être français,
de détenir ces beaux secrets,
de ne pouvoir les partager.
A quoi je sers, dépositaire
de ces affaires sans toi mon frère ?
Alors dis moi, pauvre tueur,
de quoi ont l’air tes hauts le coeur
Pourquoi Kalachniquer Cabu ?
tuer pour un dessin de cul ?
pourquoi Charlie te donne l’envie
d’y décimer tous mes amis
Allez vas y, je n’parle plus
Je te l’assure, je suis tout nu
Même ma morale, je te promets,
au rayons X, je la soumets,
se pourrait bien qu’elle aussi cache
de lourds sévices, de bien grosses taches.
Parle moi, j’ai mal, Plus rien, que dal
rien que du vide, rien que du mal
C’est où qu’on signe, je vends mon âme,
pour que tu m’dises pourquoi les hommes
dans la nature, te font horreur,
Que tu en es le correcteur ?
Pourquoi mon rire te fait maudire
ma vie, mes choix, mes doux désirs ?
Ah mais parler, tu ne sais pas !
T’inquiète, attends, et reste là,
j’ai dans mes poches des mots d’enfants
des mots d’amour de ma maman,
des mots d’amant, des mots de coeur,
restaurateurs, procréateurs.
Ah, mais tu pleures pauvre tueur !
le feu des armes sont tes aigreurs !
Allez je pars, car là, tu vois
je vais bientôt t’ouvrir les bras.
Et ça, les gens comprendraient pas.
Un jour peut être, Inch allah,
avec Voltaire, Diderot, Rousseau,
et tous tes frères, c’est sûr, la haut,
on s’comprendra.