Daniel Marcelli (je l’ai rencontré lors d’une clownanalyse) est un psychiatre qui étudie l’origine de bien des problèmes de notre société d’aujourd’hui.
Les enfants et adultes jeunes et moins jeunes d’aujourd’hui ont souvent été élevés par des parents qui n’ont jamais osé leur dire NON. Des parents qui se culpabilisent et n’osent plus exercer l’autorité sur leurs enfants.
Marcelli observe, dans une pratique professionnelle longue et riche, que dans ce cas ils préfèrent évoluer vers une forme de pouvoir plus insidieuse et dangereuse à terme : la séduction (notons que la « séduction » est l’inverse sémantique d’ »éducation »).
Or la séduction crée toujours la frustration, qui conduit au sentiment d’être trompé, d’en vouloir toujours plus, de ne pas reconnaître ce qui a été obtenu, de ne pas reconnaître celui qui a usé de son pouvoir de séduction…
Cela produit des enfants et plus tard des adultes qui ne « marchent » plus que par la séduction et ne supportent pas les règles et l’autorité (dans qu’elle a de juste et de structurant, à ne pas confondre avec l’autoritarisme).
La peur d’exercer une autorité (il ne s’agit évidement pas d’autoritarisme stupide et arbitraire, mais d’autorité légitime) enlève progressivement toute ascendant aux adultes pour exercer leur mission. La séduction qui a pris insidieusement la place est une forme de pouvoir occulte, pervers, tordu, qui fausse tout : « si tu ne fais pas ce que je veux, je ne t’aime plus », « si tu fais ce que je te demande, je te donnerai un bonbon ». Cercle vicieux, relations familiales et sociales perturbées, que de dégâts !
Ce que veut l’adulte n’est plus perçu comme une règle générale de vie qui se révélera plus tard utile à l’enfant, à la famille et à la société. C’est perçu comme un « caprice d’adulte », qui met l’enfant au même niveau que celui ou celle qui est censée l’éduquer.
Et si nombre de problème sociétaux que nous rencontrons aujourd’hui étaient la conséquence de cette éducation qui abdique toute autorité ? Et si cela expliquait pourquoi nombre d’adultes d’aujourd’hui n’avaient plus conscience de tout intérêt général ? Et si cette envie -ce caprice – d’avoir « tout tout de suite » était la conséquence d’une éducation où on ne refuse rien ? Et si cette impression que tout se vaut, que l’expérience n’a pas de valeur, qu’on méprise ceux qui savent était la suite logique de comportements indignes d’éducateurs ?
Ce livre est à lire ! Marcelli y fait preuve d’une clarté d’esprit et une humanité admirables.